Analyse
A quand un référendum pour interdire les corridas en France?
A Mexico, on s'interroge sur la légitimité des corridas dans la capitale. Le président mexicain a en effet proposé une consultation populaire pour décider de l'avenir des corridas. A quand une démarche similaire en Europe et plus particulièrement en France?
Par Célia Fontaine, membre de l'APRAD
C'est un pari audacieux qu'a fait début décembre Andrés Manuel Lopez Obrador, le président mexicain en proposant un référendum pour décider de mettre fin à une tradition qui remonte à la conquête espagnole au XVIe siècle.
Depuis mai 2022, les corridas sont suspendues dans la capitale Mexico, suite à la décision d'un juge statuant sur la plainte de l'organisation de défense des droits des animaux, Justicia Justa. L'action judiciaire se poursuit, et le risque de voir réapparaître les taureaux dans cette gigantesque arène pouvant acceuillir plus de 50.000 spectacteur est réel. C'est pourquoi la décision du président mexicain de convoquer l'avis des citoyens est à saluer.
Alors que l'idée de renoncer à la tauromachie fait doucement son chemin en Amérique latine, la question reste épineuse en France, où elle reste autorisée depuis 1951 sur des motifs de "tradition locale ininterrompue". Ce régime dérogatoire a failli être aboli en novembre 2022 avec la proposition de loi d’Aymeric Caron, député LFI.
A Montpellier, le tribunal administratif a suspendu le retour de la corrida à Perols, qui devait se tenir le 15 juillet dernier. Le juge des référés, saisi par plusieurs associations anti-corridas et des particuliers, a suspendu la délibération du conseil municipal autorisant cette manifestation, au grand soulagement des associations luttant contre cette pratique d'un autre âge. Dans cette commune, la dernière mise à mort de taureaux dans les arènes remontait à 2003. En l’absence d’une tradition ininterrompue, une telle manifestation serait regardée comme un mauvais traitement volontaire envers les animaux et à ce titre passible d’une procédure pénale, ont précisé les juges.
Pour rappel, 75% des français sont opposés à la corrida.