Analyse
Les poissons, grands oubliés de la protection animale
Leur absence de mimique faciale et leur incapacité à émettre des cris audibles pour les humains, ont longtemps fait penser que les poissons étaient incapables d'émotions. De longues et nombreuses études scientifiques ont dû être menées afin prouver que les poissons sont capables de ressentir stress, douleur et peur, tout comme les autres vertébrés.
Par Pauline Allier, Diplômée d’Ethologie et de Droit Animalier
C'est assez tardivement, et corrélativement à la préoccupation de l'opinion publique, que le sujet des poissons a émergé en politique. En 2018, l'ancienne députée Claire O’Petit (LREM) interrogea le gouvernement sur la souffrance infligée lors de la pêche dite « no kill » qui consiste à pêcher puis relâcher un poisson inévitablement blessé par le / les hameçon(s), tout en soulignant que La Suisse et l'Allemagne avaient déjà interdit cette pratique, pour des raisons de protection animale et de défaut de nécessité (pêche de divertissement non alimentaire).
En 2019, c’est au tour de la pêche au vif d’être également remise en question par les soins de Nicolas Pralong dans le cadre du diplôme universitaire de droit animalier de Limoges.
Sa proposition de loi visant à interdire l’emploi de « vif » comme appât de pêche de loisir en eaux maritimes et continentales remportera les félicitations de la fondation 30 Millions d’amis et l’obtention du prix Michelet.
La pêche au vif qui consiste à empaler un être vivant – souvent un poisson - au bout d’un hameçon afin de capturer un prédateur concerne également nos lacs et rivières. Cette technique, grandement contestable d’un point de vue juridique et moral, a suscité de vives réactions auprès des associations de protection animale.
De nombreuses villes émettent également le vœu de l’interdiction de cette pratique cruelle, d’autant plus qu’il est aisément possible de remplacer l’animal vivant par un leurre (poisson artificiel).
A ce jour, Puteaux, Saint-Étienne, Joinville-le-Pont, Carrières-sous-Poissy, Paris et la métropole de Grenoble rappellent que les poissons sont des êtres sensibles et émettent dans leur vœux qu’il est nécessaire d’adopter des réglementations qui les protègent.
Au niveau national, une proposition de loi a également été émise et publiée au JO du 07 novembre 2023. Initié par le député Gabriel Amard et cosigné par plus de 80 député-es, ce texte de loi, s'il est adopté, permettrait à la France de rejoindre la liste des pays soucieux du bien être animal et de la cohérence des règles de droit qui les protègent, tels que les Pays Bas, l’Allemagne, la Suisse, l’Irlande (en eau douce) et de la majorité des Landers de l’Autriche.