Analyse
Le Nisshin Maru, dernier navire-usine baleinier dans le monde, sera-t-il remplacé ?
Bien qu’elle ne soit plus rentable, la chasse à la baleine perdure au Japon.
Nathalie Soisson
Depuis que le pays s’est retiré de la Commission Baleinière Internationale en 2018 (1), et a repris officiellement la chasse à des fins commerciales, son activité est limitée aux eaux territoriales et à la ZEE. Elle s’étendait auparavant jusqu’aux mers de l’Hémisphère Sud et à l’Antarctique, sous le prétexte de recherche scientifique, déjouant ainsi le moratoire mis en place depuis 1987. Outre les critiques exprimées par d’autres Etats membres de la Commission, cette activité rencontre toujours une vive opposition de la part de plusieurs ONG.
Le Nisshin Maru est âgé de 34 ans, a navigué dans des eaux extrêmes et a de plus subi de nombreuses collisions, la plupart volontaires, notamment avec les navires des flottes de Greenpeace et Sea Shepperd. Il est arrivé en fin de carrière. Mais sera-t-il remplacé ?
L’industrie de la pêche à la baleine ne fonctionne plus que grâce aux subventions généreusement versées par l’Etat (2$ de subvention pour 1$ de produits vendus au public). La chasse est soumise au quota de 1. 500 tonnes par an. Pour devenir rentable, il faudrait que les quotas soient augmentés. Cependant de plus en plus de japonais se détournent de la viande de baleine.
Pourtant Kyodo Senpaku, le plus important acteur de cette industrie, vient de lancer un plan de financement s’élevant à 55 millions de dollars pour la construction d’un navire de remplacement. Le prix d’achat représenterait deux fois la valeur des ventes annuelles de toute l’industrie baleinière. Le financement s’appuierait sur des prêts, du financement participatif, et prévoit des affrètements pour des missions non liées à la chasse. Il est prévu que le navire de remplacement devrait être compatible avec la navigation dans l’Antarctique. Son entretien s’élèverait à 6 ou 7 millions de dollars par an. Le succès du plan n’est donc pas assuré.
Malgré tout, le Japon souhaite conserver une flotte de pêche à la baleine pour pouvoir, le cas échéant, répondre aux besoins alimentaires de son peuple en cas de pénurie, comme il l’a fait après la seconde Guerre Mondiale.
Le remplacement du Nisshin Maru reste ainsi incertain.
(1) The Maritime Executive, Japan’s Last Whaling Mother Ship May Cost Too Much to Replace, August 21, 2021